Les coliques
Qu'est-ce qu'une colique?
La majorité des coliques chez le cheval sont liées à des problèmes digestifs. Beaucoup plus rarement, la douleur peut provenir du système urinaire (calcul vésical ou rénal) ou reproducteur (torsion utérine chez les juments gestantes). L’accumulation de liquide inflammatoire (péritonite) ou de sang (hémopéritoine) dans la cavité abdominale peut également provoquer de la douleur.
Les coliques sont une cause fréquente d’appel du vétérinaire et constituent la première cause de mortalité des chevaux.
Les coliques d’origine digestive
Les chevaux sont particulièrement prédisposés aux coliques en raison de l’anatomie de leur système digestif et de leur sensibilité au stress et à la douleur.
Le tube digestif du cheval mesure environ 30 mètres de long et est composé de l’estomac, l’intestin grêle, le petit côlon, le caecum, le gros côlon et le rectum. Diverses affections peuvent toucher les différentes parties du tube digestif.
Les ulcères gastriques
Les ulcères gastriques touchent environ 50% des chevaux de sport et jusqu’à 100% des chevaux de course à l’entraînement. Le mode de vie (en box, coupé des congénères, exercice intense) et d’alimentation (2 ou 3 gros repas d’aliments concentrés par jour, foin en quantité limitée) du cheval sont des facteurs favorisants les ulcères. Certains traitements anti-inflammatoires peuvent également être à l’origine d’ulcères gastriques. Les chevaux atteints d’ulcères gastriques peuvent présenter des douleurs abdominales classiquement juste après le repas mais tous les chevaux atteints d’ulcères ne présentent pas de coliques.
Les causes intestinales
Une particularité anatomique du cheval est que l’intestin est relativement libre dans l’abdomen, avec très peu de points d’attaches. De ce fait l’intestin « flotte » dans la cavité abdominale et est sujet à des déplacements. De plus, les différentes parties de l’intestin ont un diamètre très variable ce qui provoque des zones d’étranglement propices aux bouchons.
Les principales causes de coliques liées à l’intestin sont :
- les coliques « gazeuses » ou spasmodiques liées à la production anormale de gaz lors de fermentation des aliments. Ces coliques sont souvent la conséquences de changements alimentaires trop brusques : la flore microbienne de l’intestin du cheval n’a pas eu le temps de s’adapter au nouvel aliment. Le traitement est médical et consiste en l’administration d’anti-inflammatoires ou de tranquillisants pour contrôler la douleur et d’antispasmodiques pour contrôler les contractions inutiles et douloureuses de l’intestin autour des poches de gaz.
- les « bouchons » ou impactions liées à l’absorption d’aliments fibreux de mauvaise qualité ou en trop grande quantité ou à un abreuvement insuffisant. Un traitement médical est en général suffisant et consiste en l’administration de laxatifs par intubation naso-gastrique (tube passé jusqu’à l’estomac), d’anti-inflammatoires et/ou antispasmodiques pour calmer la douleur et éventuellement de perfusions intraveineuses pour réhydrater le cheval.
- les déplacements, qui sont souvent une complication d’impaction, sont traités en premier lieu comme les impactions. Il arrive néanmoins que le traitement médical ne suffise pas et qu’une intervention chirurgicale soit nécessaire.
- les torsions, lorsque l’intestin s’enroule sur lui-même. Il s’agit des coliques les plus graves et les plus douloureuses car en s’enroulant sur lui-même, l’intestin bloque sa vascularisation (arrivée de sang) ce qui provoque une nécrose rapide des tissus. Une intervention chirurgicale d’urgence est nécessaire dans ce cas.
- les intussusceptions, plus rares : une partie de l’intestin rentre dans la partie voisine comme un télescope. Là encore, la circulation sanguine est coupée et une intervention chirurgicale rapide est nécessaire. Les intussusceptions sont plus fréquentes chez les poulains.
- l’entérite proximale et la colite : il s’agit de l’inflammation de l’intestin grêle ou du côlon. Le traitement de ces deux conditions est médical car il n’y a pas de cause « mécanique », néanmoins, celui-ci peut être long et le pronostic est réservé.
L’examen du vétérinaire
Pour déterminer la cause des coliques, le vétérinaire réalise un examen transrectal qui lui permet de détecter une impaction ou un déplacement du côlon. Il réalise également une intubation naso-gastrique pour évaluer la présence de reflux gastrique. Il s’agit du contenu intestinal qui reflux dans l’estomac lors d’obstruction de l’intestin grêle ou d’entérite proximale. Le vétérinaire évaluera également l’état cardiovasculaire du cheval pour déterminer s’il a besoin d’être réhydraté par perfusion intraveineuse, et son état de douleur pour adapter le traitement. La décision d’intervenir chirurgicalement repose sur plusieurs facteurs, notamment la cause des coliques, le niveau de douleur et la réponse du cheval au traitement.
Les facteurs de risque des coliques digestives
Les coliques sont des affections multifactorielles pour lesquelles plusieurs facteurs de risque ont été mis en évidence : tic, antécédents de coliques, vie en box, certains parasites intestinaux, consommation de paille et d’aliments concentrés (granulés, floconnés, céréales), aliments de mauvaises qualité, eau trop chaude/froide/sale. De manière générale, le cheval est un animal d’habitudes et tout changement dans son mode de vie, son lieu de vie, son activité ou son alimentation est un facteur de risque de coliques.
Comment prévenir les coliques ?
Afin de limiter les risques de coliques, il convient de respecter la nature du cheval en se rapprochant au maximum de son mode de vie naturel et de prendre en compte son besoin de régularité dans sa vie, son activité, son alimentation. En cas de changements, qu’il soit alimentaire, de mode de vie ou d’activité, il faut prévoir une période de transition.
L’alimentation est un facteur clé de la prévention des coliques : pour respecter la physiologie digestive du cheval, elle doit être essentiellement à base de fourrages de bonne qualité (herbe ou foin) et complémentée au besoin avec des concentrés de bonne qualité et bien conservés. Le cheval dans la nature broute 18h par jour. Il faut essayer de reproduire ce rythme en fractionnant les repas afin de ne pas laisser le cheval à jeun pendant de longues heures. La mise à l’herbe doit être considérée comme une transition alimentaire et doit donc se faire progressivement. Il faut également adapter l’alimentation au niveau d’activité du cheval et de l’eau fraîche et propre doit être disponible en permanence.
Chaque cheval doit avoir une activité physique régulière. C’est particulièrement important pour les chevaux qui vivent aux box.
Enfin, afin de limiter les risques liés au parasitisme, un programme de vermifugation devrait être mis en place avec votre vétérinaire. Des soins dentaires réguliers assurent une bonne mastication.
Julie Dauvillier