L'arthrose
DEFINITION et CAUSE
Affection très courante dans l’espèce équine, l’ostéoarthrose, plus communément appelée arthrose correspond à une détérioration du cartilage articulaire, à un remodelage osseux ainsi qu’à une modification des tissus péri-articulaires.
Souvent dégénérative, elle est la conséquence du vieillissement des articulations. Néanmoins, beaucoup d’autres conditions peuvent entrainer le développement d’arthrose chez le cheval. Un exercice soutenu, une mauvaise conformation, une instabilité articulaire, des lésions du cartilage articulaire, ou encore des traumatismes et des infections peuvent engendrer un développement prématuré d’arthrose. On peut réellement parler de cercle vicieux pour le processus d’arthrose car cette affection est auto-aggravante.
DIAGNOSTIC
Un examen attentif du cheval statique permet de détecter les premiers signes en faveur d’un processus arthrosique. Ainsi, une distension articulaire peut être décelée à la palpation minutieuse des membres. Cette augmentation du volume articulaire peut être due à une augmentation du liquide synovial, qui formera ce que l’on nomme classiquement les « molettes » ou « vessigons ». Elle pourra aussi correspondre à un épaississement de la capsule articulaire et à des proliférations osseuses sur les marges articulaires. La manipulation des membres, permettra elle de mettre en évidence des raideurs articulaire,
L’examen dynamique, quant à lui, permettra de déceler une boiterie plus ou moins importante, si le cheval est atteint d’ostéoarthrose. La présentation classique d’un processus arthrosique affectant un membre du cheval, est une boiterie exacerbée en début d’exercice et sur sol dur.
Sans être spécifiques, ces signes seront les premiers à être recherchés lors d’investigation d’arthrose.
La suspicion d’ostéoarthrose est alors confirmée à l’aide d’examens d’imagerie. Classiquement la radiographie et l’échographie permettent de poser le diagnostic définitif, mais parfois le recours à des examens complémentaires plus modernes comme l’IRM, le scanner ou la scintigraphie est nécessaire.
L’examen radiographique d’un cheval atteint d’ostéoarthrose montrera des remaniements osseux articulaires et péri-articulaires (osthéophytes). Ces ostéophytes correspondront, sur des clichés radiographiques à des proliférations osseuses anarchiques sur les rebords des articulations. Les articulations atteintes pourront aussi présenter un espace articulaire réduit, témoin d’une dégradation du cartilage qui recouvre l’os. Enfin, le dernier critère radiographique d’arthrose est un remodelage de l’os sous-chondral (os situé sous le cartilage) se traduisant soit par une augmentation soit par une diminution de la densité osseuse sur les radiographies.
L’échographie permet de mettre en évidence à la fois les lésions du cartilage, l’épaississement de la capsule articulaire, et la présence de membranes synoviales hypertrophiées, signes d’inflammation articulaire. Cet examen permet également de visualiser les ostéophytes.
TRAITEMENTS
Une fois le diagnostic posé, la gestion des arthropathies dégénératives repose sur plusieurs axes.
Tout d’abord, la mise en place d’un bon parage et d’une ferrure adaptée, de concert entre votre vétérinaire et votre maréchal ferrant sera primordiale, et pourra apporter des résultats très concluants, en particuliers sur les articulations du bas du membre (pied, paturon, boulet). Ainsi, par la conformation spécifique du fer, la biodynamique des articulations sera modifiée ; les contraintes telles que les pincements articulaires lors de courbes serrées seront diminuées, ce qui permettra de diminuer à la fois la douleur et le processus de développement de l’arthrose. Afin de limiter les contraintes sur les articulations du membre, un fer avec du « rolling » facilite la bascule du pied et permet de limiter les tensions lors des mouvements. De même, la couverture des branches des fers pourra être travaillée afin de limiter l’enfoncement du pied dans un sol meuble du côté (interne ou externe) du développement de l’arthrose. Ceci engendrera une diminution des contraintes sur les zones articulaires touchées.
Le travail lui aussi devra être adapté. Un travail régulier et raisonné devra être mis en place. Les périodes de repos strictes seront à bannir. L’échauffement sera déterminant et un sol souple sera à privilégier.
Outre ces mesures conservatives il existe des moyens médicaux permettant de contrôler le processus d’arthrose. L’utilisation d’anti-inflammatoire par voie orale s’inscrit dans la gestion de la douleur associée aux processus d’arthrose. Surtout utilisés lors des phases aigües, ces médicaments permettent de réduire l’inflammation intra et extra articulaire. De même, des injections intra-articulaires de corticostéroïdes et d’acide hyaluronique pourront être proposés par votre vétérinaire, afin de gérer au long terme l’atteinte articulaire. Ces injections devront être utilisées avec parcimonie afin de garder leur effet bénéfique pour la santé de votre cheval.
Les remaniements osseux étant très souvent présents lors de processus d’arthrose, l’utilisation de biphosphonates peut parfois s’avérer indiquée pour gérer à moyen terme ces pathologies. En diminuant l’inflammation osseuse, cette molécule permet de limiter les conséquences sur l’os de l’arthrose.
De nouvelles thérapies adjuvantes ont vu le jour ces dernières années, comme l’IRAP (sérum autologue, bloquant la cascade de l’inflammation). Il agit donc en tant qu’anti-inflammatoire local, produit par le cheval lui même. Plusieurs injections peuvent être réalisées dans l’articulation touchée. Il offre le gros avantage de ne pas avoir d’effets indésirables sur l’articulation et ne présente pas de temps d’attente en matière de dopage. Les cellules souches constituent à ce jour le domaine de recherche principal dans la gestion de l’arthrose, les premiers résultats semblent prometteurs.
Suivant le degré d’avancement de l’arthrose de votre cheval, tous ces traitements permettent d’améliorer le confort locomoteur, de prolonger la carrière sportive ou d’offrir un meilleur confort de vie à votre cheval pour sa retraite.
Dr Perinne PIAT